vendredi 28 septembre 2012

Leopoldo María Panero

 
 
 
L'Oreille du Loup publie l'anthologie
Territoire de la peur / Territorio del miedo
[ Traduction Stéphane Chaumet ]
 


Leopoldo María Panero est né en 1948 à Madrid. Fils ‎d’un célèbre poète proche de Franco, Panero s’engage à ‎‎16 ans dans le parti communiste clandestin, ce qui lui ‎vaut un premier séjour en prison. L’alcool et la drogue ‎prennent une place importante dans sa vie et son œuvre. ‎Dans les années 80, après plusieurs dépressions et ‎tentatives de suicide, il est volontairement interné à ‎Mondragón, puis il choisit de s’établir dans l’unité ‎psychiatrique de Las Palmas de Gran Canaria, où il vit ‎aujourd’hui et continue à écrire. Auteur d’une trentaine ‎de livres, véritable mythe de la littérature espagnole, il est ‎considéré comme le plus important mais aussi le plus ‎controversé poète de sa génération.‎
 
 


Je suis un nid de cendre
où viennent les oiseaux
pour chercher la manne de l’ombre
la flèche clouée dans le poème
le baiser de l’insecte.



Forough Farrokhzad


L'Oreille du Loup publie en trois langues l'anthologie
Seule la voix demeure / Sólo la voz permanece ‎/
تنها صداست که می ماند
En coédition avec la Universidad Autónoma de Sinaloa




Forough Farrokhzad est née en 1935 à Téhéran (Iran) et morte en 1967 dans un accident de voiture. Ses trois premiers livres, d’une facture classique – La Captive (1955), Le Mur (1956), La Rébellion (1958) – choquent par la liberté de ton d’une jeune fille qui refuse d’être emmurée et veut « être le cri de sa propre existence. » C’est avec Une autre naissance (1964) et Ayons foi en l’approche de la saison froide (posthume) qu’elle bouleverse la tradition poétique iranienne et s’imposera comme une des voix les plus neuves et profondes du 20ème siècle. Après un divorce et la privation de son unique enfant, elle voyage en Europe puis réalise un documentaire d’une grande intensité poétique sur la léproserie de Tabriz, La maison est noire (1962).







 
C’est moi
Une femme seule
Au seuil d’une saison froide
Au moment de comprendre
L’existence souillée de la terre
La déception simple et triste du ciel
L’impuissance de ces mains cimentées
Le temps a passé
Le temps a passé
Et l’horloge a sonné quatre coups
Quatre coups
Aujourd’hui c’est le solstice d’hiver
Je connais le secret des saisons
Et comprends la langue des instants
Le sauveur somnole dans sa tombe
Et la terre, la terre accueillante
Est une allusion à la quiétude
(...)

Version française de Stéphane Chaumet avec la collaboration de Jaleh Chegeni

Version espagnole de Myriam Montoya avec la collaboration de Jaleh Chegeni
194 pages, 10 euros



mardi 25 septembre 2012

Víctor Rodríguez Núñez



Le 25 septembre 2012 à 20h00
Rencontre avec le poète cubain
Víctor Rodríguez Núñez
pour son livre traduit et présenté
par Jean Portante

Une étrange odeur de monde/Con raro olor a mundo
aux éditions L'Oreille du Loup

à la Maison de la Poésie
Passage Molière - 157, rue Saint-Martin Paris 3
 
 

 
 
/::
 





Art poétique ?

                            
Pour María Santucho y Víctor Casaus

J’ai récupéré des yeux myopes
                                           un nez bissextile
des lèvres que je ne peux pas joindre
des cheveux de chameau
plus un corps d’athlète à la retraite

Et aussi le mauvais caractère de mon père
la douleur dans le flanc de ma mère
le grain de beauté suspect de ma grand-mère
la colique néphrétique de tout le monde
et même les fièvres constantes de mon fils

Des raisons qui m’obligent
à avoir une mauvaise opinion de la beauté


 
¿Arte poética?

                           
Para María Santucho y Víctor Casaus

Saqué unos ojos miopes
                                        una nariz bisiesta
unos labios que no puedo juntar
un pelo de camello
más un cuerpo de atleta retirado

También el mal genio de mi padre
el dolor en el lado de mi madre
el lunar sospechoso de mi abuela
el cólico nefrítico de todos
y hasta las fiebres constantes de mi hijo

Razones que me obligan
a tener mala opinión de la belleza